Pintade Surgelée: Le match de Moulinex

Chapitre huit : Le match de Moulinex

Le vent soufflait dans la cour des Tomates Cuites. Deux jeunes sixièmes mâles éprouvaient leur force mutuelle en s’agrippant et en chahutant dans une atmosphère de rires enfantins. La brume se dissipa et la silhouette de notre gang se distingua, au loin dans les dernières vagues d’encre d’une mer nocturne au prolongement caractéristique de la saison des moufles. Les gamins s’écartèrent en hâte de notre route. Nous commencions à avoir une sacrée réputation dans le collège, ce qui n’était pas pour nous déplaire.

« Quatorze, quinze à tout casser ! lança Daniel, réchauffant l’instant de sa voix puissante.
– Et moi je te dis qu’avec le sac à patates qui te sert de ventre, tu en as au moins pour vingt secondes ! rétorquai-je.
– Tu veux parier ? Compte ! » aboya Daniel en démarrant comme une fusée.
Le garçon longea un mur épais sur les trente premiers mètres, renversa une fillette qui encombrait sa route et traversa le préau comme s’il se rendait de son lit à la fenêtre de sa chambre, les jours où sa moquette n’est pas recouverte de compote à la mirabelle. Le tour de la cour parcouru (but qu’il s’était fixé), il finit par nous rejoindre, sourire aux lèvres, en réclamant son score.
« Combien ? plaça-t-il entre deux expirations.
– Trois cocas light, format XL » lui renvoyai-je d’un air serein.
Ma réponse, accompagnée d’un clin d’œil provoquant, fit tourner la bile de Daniel en mayonnaise à l’huile d’olive. Comprenant que son temps n’avait pas été homologué, il me sauta à la gorge en lâchant des injures dégradantes.
« Vingt-huit secondes pour faire le tour de la cour, non mais regardez-moi cette bande de mauviettes, lança Alex, un copain qui est très costaud.
– Ha ! Tu vois ! rétorqua Daniel à mon intention. Je ne mets pas vingt secondes, tu avais tord!
– Je t’ai vu Daniel, reprit Alex, j’ai compté, et je t’ai trouvé lamentable. Tu peux aller te rhabiller ! »
Ça, Daniel, ça lui a pas plus. Il a regardé Alex et il lui a dit :
« De toute façon, vous, les troisième quatre, avec vos tronches de gogols et votre odeur de chaussette, vous n’êtes bon qu’à gagner des matchs de Hand.
– Ha ouais ? répondit Alex. C’est toujours mieux que d’avoir un physique d’insecte, on peut faire un match d’autre chose, si tu veux…
– Ça te dirait une partie de Moulinex?
– D’accord, mais vous n’arriverez même pas à nous marquer un seul point. Et si vous y parveniez, je m’engage à passer te prendre tous les matins pour porter ton sac jusqu’au collège pendant une semaine.
– Pari tenu ! Si je perds, ce sera pour ma pomme. »
Alex éclata de rire et s’en alla en se dandinant d’une façon tout à fait scandaleuse.
« Tu… tu es malade ? lança Dimitri.
– Ne vous inquiétez pas, j’ai un plan… »
A dix-sept heures trente, deux équipes étaient réunies sur le terrain de sport du collège. Nous étions bien sûr équipés de bottes en métal pour la partie car, comme son nom l’indique, le mach de Moulinex se joue avec un robot broyeur en marche. J’étais plutôt sceptique. Je n’avais, personnellement, aucune idée du plan de Daniel.
L’arbitre annonça le début de la partie. Alex se rua vers nos buts. Notre gardien, Siegfried, transpira à très grosses gouttes. De son côté, Dimitri tenta lamentablement de neutraliser Alex, mais il perdit l’équilibre et s’étala de tout son long sur le petit Grégory, son coéquipier de défense. De douleur, le garçonnet se mit à gémir tel un agneau…

L’équipe des King, dont Alex était le capitaine, marqua le premier point. Il fut d’ailleurs le début d’une série de quinze points tout aussi humiliants les uns que les autres pour la Cheese Cake, à savoir notre équipe. Les regards haineux envers Daniel se multipliaient…
« Je pense que c’est le moment ! » annonça-t-il.
Le jeune homme pressa une touche de la petite télécommande qu’il venait de sortir de sa poche. Des pièges commencèrent à apparaître dans notre partie de terrain. Des tigres en liberté se dirigeaient vers les joueurs de l’équipe adverse. Quater d’entre eux furent stoppés par la horde féline, après quoi un bruit de moteur se fit entendre.
Daniel, profitant de la confusion générale, venait d’enfourcher son puissant bolide, le Dany-car. Deux joueurs de la King, un peu inconscients, furent à leur tour victime de la folie du garçon qui n’hésita pas à user de la puissance de son véhicule pour percuter des adversaires avec abondance. Chacun tentait d’échapper aux assauts orchestrés par un virtuose du volant meurtrier, mais les bonnes choses ont toujours un terme et une panne d’essence du Dany-car mit fin à ce spectacle bon enfant d’explosions, de dérapages et d’oreilles décapitées.
« C’est assez ! »
Alex était effondré. Sa confiance venait de l’abandonner et l’arbitre avait depuis longtemps quitté les lieux. C’est avec insolence et misanthropie que Daniel s’empara du robot broyeur Moulinex et alla le déposer soigneusement dans les buts adverses en prenant soin de glousser :
« Un point pour la Cheese Cake… »
Son regard croisa celui d’Alex. Ce dernier s’approcha de Daniel et explosa de rire à s’en déchirer la rate. Sans rancune…

 

Pintade Surgelée: Maxime

Chapitre sept : Maxime

« Ton revers n’est plus ce qu’il était, vieille pelure de melon ! » lançai-je à Dimitri qui était bien parti pour se faire ridiculiser.
C’est avec enthousiasme que, par cet agréable mercredi après-midi, mon ami était venu chez moi disputer une partie de ping-pong dans le garage. Profitant de l’absence de mes parents, nous nous étions permis d’accompagner la séance d’une diffusion massive de Salsa argentine. Je m’apprêtais à marquer le point de victoire lorsqu’un son étrange se déclencha dans le jardin, brisant net la fébrilité jubilatoire surpuissante qui m’envahissait à l’idée de remporter le match. Déstabilisé, je préférai interrompre la partie.
« Tu entends, dis-je, on dirait un cri…
– A tous les coups, c’est ton voisin qui chantonne sous la douche ! plaisanta Dimitri.
– Je crois plutôt que c’est un animal en détresse. Le mieux, c’est d’aller voir ce qui se passe de nos propres yeux. »
Quel ne fut pas notre émerveillement lorsque nous découvrîmes un adorable chaton, perdu au milieu du jardin.
« Ce qu’il est mignon ! s’exclama Dimitri.
– Hé ben mon minou, tu es tout seul ?
– Pourquoi il répond pas ?… »
Je pris le petit animal dans mes bras, il se mit aussitôt à ronronner. L’émerveillement fit place à la compassion. Nous décidâmes que le chaton allait s’appeler Maxime et qu’il allait rester chez moi.

Nous passâmes le reste de la journée à jouer avec notre nouveau compagnon. Poursuites dans le jardin, parties de cache-cache et courses de vitesse furent trois des activités auxquelles nous nous livrâmes si bien que lorsque le soir arriva, il me semblait que Maxime faisait partie de la famille…

Dimitri s’apprêtait à rentrer chez lui lorsque ma mère arriva. Toute essoufflée, elle ne s’aperçut pas de la présence de Maxime. Elle salua mon camarade et se mit à préparer le repas. Le chaton fit irruption dans la cuisine et vint se frotter aux jambes de la brave femme.
« Argh ! Qu’est ce que c’est que ce truc ? hurla ma mère.
– C’est pas un truc, c’est Maxime ! corrigeai-je, vexé.
– Maxime ou pas Maxime, je m’en vais te le ficher dehors…
– Attends ! m’interposai-je. Maxime est mon chat et il reste ici !
– Bon… euh… je vais peut-être y aller… » murmura Dimitri en prenant congé.
Une vive conversation eut alors lieu entre ma mère et moi. La décision parentale fut irréfutable. Maxime serait renvoyé d’où il venait dans les plus brefs délais. Je montai en catastrophe dans ma chambre et m’allongeai sur mon lit pour réfléchir. Vers la tombée de la nuit, un plan de riposte me vint à l’esprit. Je téléphonai à Dimitri pour lui expliquer la situation.
« C’est terrible ! s’exclama mon camarde. Qu’est ce que tu vas faire ?
– Je crois que j’ai une idée. Écoute moi bien… »

Vingt et une heure sonnèrent à la pendule. A peine le temps d’avaler un café et une moitié de pomme à la moutarde que j’entendis frapper à la porte. C’était Dimitri. Il chercha à entrer dans la maison. Je le retins.
« Ben ? ! ! s’interloqua le bougre. Je lui serai le pied et le mis à la porte.
– Ha ! Quel est le mot de passe ? demandai-je.
– Punaise hydratée ?
– Non, ça c’était hier.
– Atchoum ! fit Dimitri qui commençait à prendre froid, debout sur le perron.
– Bravo ! Entre ! »
Après m’être assuré que Dimitri avait bien apporté ce que je lui avais demandé, nous nous rendîmes au garage pour prendre la caisse à outils. Mon camarade me regarda d’un air déterminé. L’opération sauver Maxime pouvait commencer.
J’ouvrai le sac de mon ami. Celui-ci contenait plusieurs planches de bois. Dimitri ne résista pas à la tentation de me courser dans le jardin avec la perceuse électrique. Maxime se mit à miauler. Le petit animal sentait bien qu’il se passait quelque chose. Je lui expliquai mon idée avec de grands gestes et une profonde motivation communicative. Moyennement perturbé par mon intervention, le chaton s’étira de la queue aux oreilles et alla se tapir au fond de la pièce pour se laisser rapidement envahir par un sommeil pesant.

Un peu plus tard, alors que les travaux avançaient sérieusement, Dimitri renversa une boîte de clous sur le sol. Je le poussai par terre. Les hurlements alertèrent Maman qui frappa à la porte pour connaître la raison du vacarme.
« Ce n’est rien, fis-je, on joue ! »

Nous passâmes la nuit entière à clouer, peindre, rafistoler et au petit matin, une cabane de bois était prête pour accueillir Maxime, les soirs où il ferait trop froid.

Pintade Surgelée: La grande poursuite

Chapitre six : La grande poursuite

« Donne ça ! hurla Étienne, coursant Daniel dans la cour pour que celui-ci lui rende son sandwich.
– Il est très bon !
– Ne le mange pas voyons !
– Il était très bon !
– Daniel, ta mentalité égale à grand peine le niveau d’un vulgaire diffusant décaféiné ! » pesta Étienne.
Dimitri jaillit soudain de derrière l’un des tilleuls dévoreurs d’âmes qui ornaient la cour.
« Qu’est ce que tu fais ? s’affola Daniel, surpris, en freinant des talons.
– Ben, je suis là ! » répondit l’autre.
Cinq zombies sortirent du sol et tentèrent d’agripper les trois jeunes gens. Ils s’étaient déjà fait dévorer l’âme par les tilleuls, si en plus il fallait qu’ils supportent des disputes de sandwich ! Il y a tout de même des limites…

Quant à moi, j’étais en train de repasser inlassablement ma leçon de géographie. Éprouvant ! J’entendis alors des sons d’éternuement suivis de petits murmures obscènes et sournois. Ça ne pouvait être que Dimitri. Je débranchai le fer à repasser et refermai mon livre pour venir à la rencontre de mon camarade. En m’apercevant, ce dernier se mit aussitôt à siffloter Requiem pour un chiot du groupe Poppy Star. C’était une sorte de code établi entre nous, une façon de se dire bonjour en sous-entendant que nous allions passer la journée à taquiner nos professeurs à condition que ceux-ci ne portent pas de tee-shirts jaunes.

Nous décidâmes, cette fois-ci, d’interrompre la partie de corde à sauter à laquelle se livraient les enseignants, histoire de les faire tourner en bourrique. En nous voyant arriver, ils se doutèrent étrangement de quelque chose et firent comme si de rien n’était après avoir tout remballé. Nous pressâmes le pas.
« Mais qu’est ce que vous voulez ?! se lamenta monsieur Liégeois, le professeur d’anglais.
– Rien de bien méchant… » murmurai-je.
Soudain, pris d’une crise de folie, espérons le passagère, Dimitri se rua dans la salle de monsieur le Principal. Celui-ci ne s’y attendait pas. Il sursauta. Dimitri se précipita à son bureau, le poussa violemment. Son fauteuil bascula et il tomba en arrière pour se cogner le visage contre la corbeille à papier. Dimitri ouvra brusquement son tiroir et s’empara de deux paquets de Légo dont monsieur le Principal faisait régulièrement usage.
« Mes… mes Légos !! » balbutia-t-il outré. Il tendit puérilement la main droite avec le maigre espoir que Dimitri lui rende son jouet, mais celui-ci est sans pitié. Il partit en claquant la porte. On pouvait alors entendre les déchirantes lamentations de monsieur le Principal depuis son bureau jusqu’à la Cité Interdite de Pékin.

Dimitri réapparu, sourire aux lèvres, et déclara :
« C’est bon, voici les munitions ! »
Je m’emparai des Légos de mon compagnon qui s’interposa :
« Rends-les-moi, espèce de citron asexué !
– Compte là-dessus et bois de la soupe froide, pauvre mastodonte fumiste d’un autre temps ! » me défendais-je.
Sur ce, je jetai les Légos sur les professeurs. L’un d’eux fut atteint à la truffe et figure aujourd’hui dans la Quid 91 pour être devenu, à quarante-cinq ans, le premier professeur à s’être blessé avec un rectangle rouge puisé d’une camionnette livreuse de concombres en Légo.
Un autre perdit ses lunettes, et comme il n’y voyait plus, on réussit à le faire tomber dans les escaliers de secours. Il hurla avant de rebondit tel une poignée de porte en caoutchouc sur le rebord de la cinquième marche. Le dernier s’enfuit en courant et disparut dans le caniveau du boulevard des Courgettes.

Dimitri se tourna vers moi en déclarant :
« Bon. Ben toi, ça va être ta fête maintenant… »
Il m’administra alors une formidable paire de claques. La surprise du garçon fut totale lorsque je lui soulevai le pied. Il bascula et tomba au sol.
« C’est très douloureux ! gémit celui-ci. Cela dit, cela n’est pas suffisant pour venir à bout du grand Dimitri. Regarde-toi avec tes cheveux noirs en bataille et tes oreilles décollées… Non, désolé, mais tu ne mérites pas de m’affronter !
– Moi ? Les oreilles décollées ? aboyai-je. Si tu savais à quel point ton nez m’évoque la terre cuite usagée…
– Laisse-moi te dire, sombre crétin, que ta fesse gauche est aussi molle qu’une aubergine. »
Les insultes fusaient et les prémices de la scission amicale firent alors sauter les couvercles de nos cœurs.
« Espèce de crétin mal rasé, explosai-je, tu portes le cheveu presque aussi gras qu’une plaque de margarine bouillie aux matières grasses périmées depuis huit millions d’années lumières.
– Imbécile ! La margarine n’existait pas ! La Terre non plus !
– Justement ! La planète a coulé de tes cheveux.
– La ferme idiot ! Ton épaule droite me fait penser à une escalope goût boudin aux noix, perforée par un scratch de fusée spatiale. »

C’en était trop, je dégainai ma banane magique. Horrifié, Dimitri partit vers le réfectoire. Édouard tenta de l’en empêcher et le menaça de retenue, sans résultat. Je renversai le surveillant à grosse voix et rattrapai mon camarade en un temps record grâce à mes turbo jets. Il sauta sur une table pour finalement se retourner en exhibant sa pastèque explosive. Je décidai d’employer les grands moyens. Une lecture à voix haute du dernier Voilà suffit à faire fuir mon adversaire. Je le retrouvai cinq minutes plus tard dans les toilettes de garçons. Il s’approcha de moi, l’air déterminé. Un silence oppressant se fit sentir. Dimitri éclata de rire, me frappa le dos avec tendresse et m’invita à boire une grenadine après les cours.

Pintade Surgelée: Etienne a disparu

Chapitre cinq : Étienne a disparu

Moins par manque de respect que par inconscience, Étienne nous laissait sans nouvelle de lui. Son absence constituait pour Dimitri, Daniel et moi, une souffrance affective à la limite du supportable. La panique commença à gagner l’assistance. Qu’était-il arrivé à notre camarade ? Le ciel se couvrit de nuages noirs. Les prémices du suintement céleste se manifestèrent par un bruit de tonnerre fracassant qui modula la tension nerveuse de Dimitri à son paroxysme pour le conduire vers l’ivresse de cet état d’âme passif, surpuissant et étranger à tout contrôle : l’hystérie.

Égaré entre végétation et solitude, Étienne se sentit pénétré par cette entité menaçante qu’est la forêt profonde. Bien heureusement, le garçon eut la présence d’esprit de réciter les paroles de Tes yeux sont des biquettes en liberté de Patrice C. Guillard, vieux tube à succès des années soixante-dix, pour se donner du courage, ce qui n’eut absolument aucun effet, si ce n’est qu’un volatile, horrifié par le récital musical du garçonnet, prit ses pattes à son cou dans une envolée tragique, libérant pour l’occasion une avalanche de fruits pourris, fétides et agglutinants. S’essuyant le visage de l’ignoble compote fruitière, le jeune homme se mit en quête d’un recoin douillet pour s’y blottir en attendant les secours.

Daniel, un copain qui aime bien manger, commençait à sentir les soupapes de la patience trépider dans son cœur. L’heure du dîner avançait et toujours pas de nouvelles d’Étienne. Je tentai tant bien que mal de ramener le calme au sein du groupe, mais les dernières traces de sérénité dont j’arrivais encore à faire preuve, m’abandonnèrent lâchement lorsqu’un tronc d’arbre sectionné par la foudre entreprit de choir lamentablement dans notre direction.
« C’est horrible ! Vous allez vous faire broyer ! » lança Dimitri, hors de porté du danger.
Laverdure se dévoua pour nous sauver la vie. Il exécuta une figure athlétique. Et cette figure était en vérité une formidable figure. Ce qui n’empêcha pas Laverdure de s’emmêler sauvagement les guibolles et de perdre l’équilibre d’une façon absolument fabuleuse.
Cet incident lui permit cependant de nous sauver la mise puisque le pauvre homme rentra violemment en collision avec un élève timide, rêveur et méprisable (il possédait un portable, c’est dire !). L’effet domino se déclencha immédiatement. Chaque élève fut propulsé à trois mètres de la clairière et tous échappèrent aux forces de la nature.

Le remue-ménage ainsi provoqué réveilla Étienne qui se guida au son des hurlements pour nous rejoindre. Les retrouvailles furent chaleureuses et conviviales. Les élèves se mirent en file indienne et chacun frappa son ventre contre celui d’Étienne en signe de reconnaissance. Celui-ci leur rendit la pareille en tournant sur lui-même à une vitesse vertigineuse et en faisant des bruits de bouche.

Le soleil se coucha sur cette scène émouvante où l’incendie automnal se propageait d’arbre en arbre à l’odeur décuplée par le dépôt apaisant d’un ciel déjà obscurci.

Pintade Surgelée: L’excursion

Chapitre quatre : L’excursion

L’automne étant maintenant bien entamé, il fut décidé que nous ferions une promenade instructive en forêt. Monsieur Laverdure, notre professeur de sciences naturelles était extatique. L’expédition champêtre représentait pour l’enseignant l’équivalent pour nous d’un abonnement à vie à Karl mensuel. Pour tuer la demi-heure de bus qui nous séparait du lieu récréatif, Étienne s’exhiba en public dans un numéro de corde à sauter sur fond de disco italienne. De la pure folie ! Il a même eut droit aux applaudissements des filles, le veinard! Étienne a juste été un peu ridicule quand il s’est pris les pieds dans sa corde et que Daniel, le prenant pour un rouleau de printemps, s’est jeté sur lui en le badigeonnant de sauce chinoise…

Une fois sur place, Laverdure nous fit danser à tous une gigue de mise en forme.
« Et maintenant, s’exclama-t-il, je vais vous apprendre à différencier les diverses variétés de champignons ».
Essoufflé, Boris se mit dans un coin pour reprendre sa respiration. C’est qu’il n’avait pas l’habitude de conduire autre chose que le collège mobile, Boris ! Aussi s’éplucha-t-il une banane que Daniel dévora des yeux en tirant la langue. Remarquent son embarras, je sortis discrètement de mon sac un paquet de chips au miel de Provence que je fis passer à mon camarade. Celui-ci m’adressa un rapide sourire et commença à grignoter.

Un pâle soleil d’automne se leva sur une forêt dont la mine intimidée semblait être due à notre présence. Les oiseaux, comme pour célébrer notre entrée en scène, renforcèrent leur chant mélodieux.
Alors que nous évoluions en quête de nouvelles aventures, je me surpris à penser que plus tard, je serai biologiste, comme monsieur Laverdure, pour entendre tous les jours le chant de mes nouveaux amis à plumes.
La voix de ces derniers devint soudain méconnaissable. S’agissait-il d’un événement inattendu ou d’une indigestion intestinale ?
La première proposition s’avéra être la bonne puisque Xavier, le porcinet névropathe, traversa plumes, feuilles et branchages pour venir à notre rencontre aux commandes de son hélicoptère personnel.
« Mille poireaux ! s’exclama Laverdure, c’est Xavier ! Il va encore perturber l’excursion ! »
Le professeur s’équipa d’un lance-pierre spécial porcinet névropathe et renvoya Xavier d’où il venait. La séance d’éveil reprit son cours à peu prêt normalement…

Après les champignons, Laverdure nous apprit à distinguer les arbres de la forêt.
Pendant l’explication, alors que Daniel s’empiffrait de bonbons à la menthe, Étienne tenta lamentablement d’abuser de la naïveté de la petite Émilie. Profitant d’une minute d’inattention de Laverdure, le grand garçon aux cheveux bruns et aux dents étincelantes qu’il se plaisait à exhiber, entraîna la jeune fille à l’écart du groupe. Notre cher professeur eut cependant l’oreille fine. Il se rua sur Étienne pour lui faire lâcher prise et lança comme un défi au garçon :
« Non, non et non ! Ça ne va pas du tout ! » aboya Laverdure.
Il empoigna l’adolescente par la main et l’entraîna dans une danse farouche à même le sol. Étienne se sentit ridicule. Prenant note de la technique de l’enseignant, il se promit de faire mieux la fois suivante…
Le souffle encore pesant, Laverdure recompta les élèves et lorsqu’il comprit qu’Étienne, vexé, ne répondait pas à l’appel, son estomac se liquéfia sur-le-champ…

A suivre

Pintade Surgelée: Le régime

Chapitre trois : Le régime

Ce matin, Dimitri est arrivé comme une furie au collège. Il nous a serré le coude sans grande conviction.
« Vous savez quoi ? a-t-il déclaré.
– Non, mais tu vas nous le dire, répondis-je.
– Daniel s’est mis au régime !
– Non ?
– Si ! Et j’ai besoin de votre aide pour le sortir de cette mauvaise passe !
– Mais qu’est-il arrivé ? Pourquoi a-t-il fait ça ?
– Et bien ce matin, alors que j’allais chez lui pour qu’on fasse le trajet ensemble, sa mère m’a ouvert la porte et m’a expliqué que Daniel avait décidé de faire du sport. Comme il se trouvait trop gros pour ça, il s’était mis au régime et ça n’était pas la peine que je l’attende car il ne voulait parler à personne. »
Dimitri avait dit tout cela d’une seule traite. Sa langue s’était déroulée très bas sur sa poitrine et c’est à grand peine qu’il reprenait son souffle.

Après que le garçon eut récupéré ses facultés et repris forme humaine, nous décidâmes d’aller attendre Daniel à l’entrée du collège. Nous avions bien sûr fait un détour par le distributeur de confiseries pour tenter notre camarde.
C’est alors que la silhouette de Daniel apparut, au loin, dans la pénombre matinale. Les cheveux châtains et le ventre proéminent, il avançait vers nous à pas lents. Les poings se crispèrent dans les poches et les dents se serrèrent dans les mâchoires comme un jour d’examen. Le jeune homme traversa le boulevard des Courgettes situé en face du collège pour ensuite se noyer dans une foule envahissante et hostile à toute intimité.
« Où est-il ? lança l’un d’entre nous, je ne vois plus !
– Il ne peut pas être bien loin ! » fit un autre.
Confirmant nos dires, un groupe de sympathiques jeunes filles s’écarta de notre champ de vision et libéra pour l’occasion le corps de Daniel qui se trouvait à un mètre de notre bande.
Nous poussâmes un bestial harg, mélange cocasse de surprise et de terreur. Je pris la parole en premier.
« Tu… tu vas bien ?
– Je ne vais pas, je suis.
– Vraiment ? Pourtant, tu n’étais pas là tout à l’heure.
– C’est vrai. J’étais chez moi. Seulement, le trajet maison-école est toujours le même. Si bien que je ne le prends pas en compte…
– Mais tu dis n’importe quoi depuis un moment !
– Exact ! Voir ta tête quand tu ne comprends pas ce que je dis est un de mes grands plaisirs, Simon !
– Ha ! Ha ! Je m’esclaffe ! ironisai-je. Trêve de plaisanterie, tu veux un ChocoBar’ ? »
A la vue de ma main évoluant dans l’espace pour présenter à ses sens cette chose molle et sucrée à la saveur dramatiquement révélatrice sur l’existence du plaisir culinaire, Daniel commença à dégager une forte odeur, savante mixture d’oignon et de slip usagé, et à suinter du front.
Un regard complice suffit à nous mettre d’accord sur le point suivant : le Choco Bar’ n’était pas suffisant pour guérir Daniel. Dimitri entra en scène avec décontraction, un pain au chocolat dans une main, et un croissant aux amandes dans l’autre. C’est à cet instant précis qu’on peut dire sans complexe que Daniel n’avait désormais plus rien d’humain. L’état de manque dans lequel les friandises l’avaient plongé rendait le garçon complètement fou. Sa gorge se noua et une petite fumée bleue s’échappa de ses oreilles qui fendaient l’air avec virilité. Son bas ventre produisait une gamme de sonorités absolument écœurantes et ses organes visuels fixaient le vide infini, espace de tous les fantasmes, avec la même détresse que celle du jeune homme qui reçoit sa lettre de mobilisation.
Nous nous apprêtions à mettre fin au supplice gastronomique que nous faisions odieusement subir à notre ami lorsqu’une horde de sixièmes boutonneux nous bouscula violemment. Les friandises tombèrent sur le sol et Daniel dans les pommes.

Ce jour là, Daniel est rentré chez lui blanc comme un linge et on ne l’a pas revu de la journée. Par contre, il a définitivement tiré un trait sur son projet de régime et c’est le principal !

Pintade Surgelée: La punition

Chapitre deux : La punition

La poignée de la porte pivota. Avalant sa salive, Dimitri cherchait un motif convaincant pour justifier son retard. Le garçon pénétra anxieusement dans la salle où monsieur Numbers donnait son cours depuis déjà un bon quart d’heure. Il fut sans surprise victime d’une pertinente leçon de moral sur la ponctualité. Se risquant dans une explication lacunaire, le jeune homme fut sévèrement réprimandé. Il serait convoqué dès le samedi suivant en retenue. Un silence pesant plana sur la classe. Nous compatissions tous.

Le cours terminé, je décidai d’aller réconforter mon camarade. Celui-ci restait dans son coin, l’air penaud. Le garçon me tournait le dos, cachant sa honte en jouant avec une brosse-pilier, face à l’escalier principal.
Dimitri est mon meilleur ami. Il a une grosse tête, il est drôle, sympathique et a toujours le mot pour rire. Rares sont les fois où je l’ai vu si triste, si ce n’est le jour où Boris a refusé de lui laisser conduire le collège mobile, aussi me suis-je senti obligé d’intervenir.
J’approchai subrepticement l’air de rien de Dimitri en sifflant un air discret. Aucune réaction. Alors brusquement, je lui frappai le dos avec violence pour le remettre en forme. Le garçon tomba à la renverse dans les escaliers. Le contenu de ses poches se propulsa brutalement dans les airs. Un paquet de Pepito fut broyé sur les marches tandis qu’une tablette de chewing-gum fut catapultée sur la rampe. Le tout s’acheva dans une avalanche de hurlements…

Un conseil se tint à la récréation entre Étienne et moi. Daniel, un chausson aux pommes dans la bouche, sortit du système de canalisation qui mène à la cour un peu plus tard et vint se joindre à la réunion.
« Il faut agir, cette sanction est scandaleuse ! s’indigna Étienne. Je propose qu’on arrive tous en retard au prochain cours pour voir la tête de Numbers !
– Je ne suis pas d’accord ! » intervint Daniel, plus réfléchi.
Il avala sa dernière bouchée et ajouta :
« Cette méthode est un peu extrémiste et manque de conviction. Et puis personne n’acceptera !
– Je pense plutôt qu’il faudrait s’occuper directement de ce bon vieux Numbers ! » conclus-je.
Nos frimousses arborèrent alors un formidable sourire obscène. Dimitri serait vengé avant ce soir…

Le cours de mathématiques fut accueilli avec un enthousiasme particulier. Le processus se déclencha vers le troisième quart d’heure. Je demandai à aller aux toilettes. C’était le signal. Numbers m’autorisa à quitter la salle, mais à sa grande surprise, je restai assis et couinai comme un chiot. Etienne et Daniel m’accompagnèrent rapidement. Le professeur, déconcerté, nous pria de stopper notre récital canin, mais nous fûmes au contraire rejoints dans notre exhibition par trois autres camarades.

Dans la salle voisine, monsieur Liégeois se cogna la tête contre son bureau et bougonna en faisant la grimace.
« J’ai horreur qu’on me réveille en pleine sieste ! brailla-t-il. Que peuvent-ils bien faire à côté ? »

Les couinements firent place à de puissants cris et la surprise de Numbers à l’affolement. Chaque élève avait sa tâche. Les lamentations du pauvre homme, victime malgré lui d’une expédition punitive parfaitement organisée, s’avérèrent aussi désespérées qu’inutiles.

« La fin du monde ! hurla monsieur Liégeois. Ce doit être la fin du monde ! »
Il sortit en trombe de sa salle, mais rentra violemment en collision avec le méga-véltron-propulseur d’un Marc Eupage particulièrement pressé.

Les jappements se succédaient à une cadence infernale. Le sympathique enseignant tenta tant bien que mal d’évacuer la pièce, mais Étienne, dos rond et poils hérissés, s’interposa pour bloquer la sortie. Numbers se risqua à regarder derrière lui. Trois collégiens lui fondirent en masse sur le visage.
Les nerfs à vif, le professeur cherchait à se dégager de l’emprise terrible lorsqu’une forme noire s’abattit sur ses épaules. Une silhouette ronde aux cheveux bruns attachés avec début de calvitie sur le front et au visage de clown fixa le pauvre homme de ses yeux noirs*. Dimitri, haletant, se rua sur l’enseignant qui perdit l’équilibre. Les aboiements prirent une tonalité uniforme pour finalement déclencher chez Numbers une formidable crise d’épilepsie. Les yeux fixant le vide et la bouche grande ouverte, il frôla le souffle au cœur en se roulant au sol avec force.

Une chose est sûre dans toute cette histoire. C’est qu’on ne provoque pas impunément Dimitri sans avoir affaire à la vengeance de ses camarades…
Le plus drôle, c’est que monsieur Numbers s’est cru obligé de faire une distribution d’os à moelle le lendemain matin. Il ignore que Dimitri en a toute une réserve dans un coin de moquette du CDI creusé début septembre.
C’est stupide !

*Je ne sais pas pourquoi, mais j’imaginais Dimitri avec une petite couette descendant dans la nuque et une calvitie précoce sur le devant, ce qui est particulièrement ignoble ! (NDA)

Pintade Surgelée: Un jour comme les autres

Chapitre un : Un jour comme les autres

J’entrai dans le hall du collège. J’étais à moitié endormi, mais je fus vite réveillé par un bruit étrange. Comme tous les matins, les lumières étaient éteintes et ne s’allumaient qu’au moment d’entrer en classe. J’entendais le son inquiétant sans voir de quoi il s’agissait. Puis, ce fut l’heure. Les néons s’allumèrent et je pus voir, comme chaque lundi, une foule entière de gens qui rampaient à quatre pattes en avalant tout sur leur passage. Le lundi est le jour de l’orgie scolaire, journée pendant laquelle des quantités de sauces, mixtures à base de tomates cuites et autre nourriture sont déposées sur le carrelage du hall et exposées aux personnes de l’établissement. Le bruit gigantesque de mastication résonnait dans tout le bâtiment.
Tout s’enchaîna alors très rapidement. J’entendis un cri :
« Qu’est ce que tu fais ? demanda un quatrième à un cinquième.
– Ben, je nettoie mon blouson ! » répondit le cinquième qui se frottait à un poteau du hall.
On appelait ça les brosses-piliers car de nombreux poils durs étaient volontairement fixés sur les bords des poteaux.
Je sentis un courant d’air. Deux personnes passèrent à côté de moi. L’une d’entre elles dit :
« Au fait, qu’est ce que tu as fait hier ?
– Tu verras bien ! » répondit l’autre.
Un vrombissement de moteur me déchira les oreilles. Je sursautai. C’était Marc Eupage, mon professeur de français. Le brave homme, une liasse de dossiers en main, se rendait avec hâte au secrétariat principal, et ce à cheval sur son méga-véltron-propulseur (sorte de scooter volant pouvant frôler les quatre-vingt dix kilomètres heure au démarrage). Au passage, il renversa deux fillettes, trois concierges et un chaton.

Comme tous les autres, j’entrai dans le cours d’anglais en me faufilant par le système d’aération. Plusieurs personnes se dirigeaient dans le tube vers la salle de classe. J’aperçus soudain Dimitri, un vieux copain. Celui-ci me serra le pied en lançant :
« Alors Simon, on est en forme ce matin ?
– Oui, c’est la rumeur qui court… » répondis-je blasé.
Monsieur Liégeois sortit de sous son bureau, tout assoupi. Il y avait passé la nuit, comme à l’accoutumée. A peine réveillé, l’enseignant s’exclama :
« Étienne, cessez de vous limer les lacets, c’est énervant ! »
Le garçon en question, coureur de jupon précoce et agité prit un air penaud et déballa son sac. Le professeur posa ensuite les tables du fond sur le carrelage. En effet, monsieur Liégeois fixe chaque soir les tables de la classe au mur avec du scotch pour les nettoyer plus facilement.
Daniel, un autre ami bon vivant, espiègle et jovial, s’esclaffa brusquement, puis la crise de rire terminée, le garçon quitta la salle. Après quoi le professeur vociféra violemment :
« Sortez immédiatement ! »
A cet instant, Daniel entrait dans la salle de permanence avec d’autres professeurs, eux aussi expulsés de cours. Le jeune homme s’installa.
« Je peux aller aux toilettes ? demanda madame Roseau, enseignante en technologie et mère de trois enfants.
– Non ! » pesta Édouard, le surveillant.
Édouardétait un hippie chevelu avec une très grosse voix.

Vint la récréation. En sortant du système de canalisation qui mène à la cour, je me heurtai à un professeur un peu trop pressé.
« Quelle insolence ! m’indignai-je. Je vais être obligé de prendre des mesures. »
Je lui donnai une punition à rendre pour le lendemain.

A la reprise des cours, monsieur Biceps, notre professeur d’éducation physique nous expliqua qu’il nous emmènerait à la piscine municipale après que le collège mobile aurait terminé ses cinq tours du pâté de maisons. Le chauffeur du collège était très gentil. Il s’appelait Boris.
Ainsi, nous finîmes par nous rendre à la piscine, la regardâmes et rentrâmes au collège.
Sur le chemin du retour, monsieur Biceps nous expliqua qu’il nous avait promis de nous emmener à la piscine, mais pas de nous y baigner. De déception, Dimitri se moucha dans ses doigts…

Le trajet terminé, je demandai à un enseignant :
« Monsieur, s’il vous plaît, ce petit banc en fer situé à côté de la porte de droite au fond du couloir, en partant de l’entrée principale, voudriez-vous aller voir là-bas si j’y suis ?
– Bien sûr ! » répondit-il, et il y alla.

On avait ensuite cours de mathématiques. Je ne vous l’ai pas encore dit, mais pendant les cours, les surveillants ont l’habitude de faire passer des messages publicitaires par les haut-parleurs fixés aux murs de chaque classe.
Pendant que monsieur Numbers nous parlait, une voix résonna :
« Avec le vaporisateur Gribouillette, embaumez votre maison d’une odeur de fête ! »
Le professeur attendit la fin de la réclame et reprit :
« Je…
– Faites plaisir à vos enfants en leur achetant les poupées Zanzan, les seules vraiment affectueuses ! »
Le pauvre monsieur Numbers s’assit et soupira d’un air abattu. Il n’arrivait pas à en placer une !

Alors nous montâmes tous sur le toit du collège pour faire la sieste comme chaque midi. Bref, rien de spécial ce matin…

Pintade Surgelée: Prologue

Voici ma première œuvre écrite au tout début des années 90 alors que j’étais collégien. Un compromis entre Le Collège Fou Fou Fou et Le Petit Nicolas. Bonne lecture!

Prologue :

Simon est un jeune garçon d’une quinzaine d’années qui, comme tous ses petits camarades, se rend chaque matin au collège des Tomates Cuites. Il se passionne pour les croquettes Légumax dont il fait la collection et raffole des chips au miel de Provence. Il manifeste également un intérêt assez vif pour les promenades nocturnes et les pintade parties. Laissons lui maintenant la parole. Il vous racontera tout cela certainement bien mieux que moi…